Santé

Les INM (Interventions Non Médicamenteuses)

J’ai rencontré le professeur Gregory Ninot à travers une unité d’enseignement que je suivais dans le cadre de mon Master à l’UFR STAPS de Montpellier. Le monde des INM s’est alors dévoilé, offrant à ma conscience une nouvelle échelle de compréhension dans la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques. Promouvoir “l’expérience du monde réel”, le vécu des patients est une quête que je porte dans ma vision du métier de professionnelle en APA (Activité Physique Adaptée).

Depuis quelques mois j’accompagne lors de séances en APA une femme qui suis le DU “Art du soin en partenariat avec le patient” de l’Université de Nice Côte d’Azur. Nos échanges sont passionnants (je reviendrai en détail sur cette histoire dans un autre article) et confirment une fois de plus mon positionnement :

Le médecin et le patient doivent co-construire un parcours adapté et pertinent, sans cloisonnement des soins entre les professionnels de la forme, de la santé et du bien-être. Ce dialogue se fonde dans l’écoute, la bienveillance, la prévention en évitant de tomber dans l’obstinance déraisonnable. Le patient reprend les rênes de sa vie en main et change de rôle. Il n’attend plus les consignes. Il agit. Cela se rapproche d’une médecine intégrative, c’est à dire, un suivi global qui associe plusieurs solutions (programme d’activité physique, nutritionnels, psychothérapies, thérapies manuelles …) et donc plusieurs professionnels.


Est ce que l’on soigne une maladie ou une personne ?


J’ai depuis suivi avec un grand enthousiasme les avancées de la recherche sur les INM (qui est soutenue par des associations de patients, des fondations, agences françaises, Instituts de recherche en santé publique…) à travers une approche fondée sur les preuves (Evidence Based Medecine).


Dans cette article vous trouverez un résumé du monde des INM.

Les travaux de recherche du Professeur Gregory Ninot portent sur les modèles intégrés expliquant l’ajustement psychologique et comportemental à une maladie chronique. Ses recherches appliquées s’intéressent à l’évaluation des bénéfices, des risques et des coûts/efficacité d’interventions non médicamenteuses (INM) chez des patients souffrant d’une maladie chronique ou d’un cancer. Il est l’auteur de 138 articles dans des revues scientifiques internationales, 11 ouvrages et 17 chapitres d’ouvrage, a fondé et dirige la Plateforme Universitaire collaborative CEPS à Montpellier et anime un blog sur le sujet des INM. Ah, et j’oubliais, il organise aussi avec ses collaborateurs un congrès scientifique internationale annuel sur l’évaluation des INM, l’ICEPS qui aura lieu les 1 et 2 Avril 2021.

Définition

Une INM est « une intervention psychologique, corporelle, nutritionnelle, numérique ou élémentaire non invasive sur une personne visant à prévenir, soigner ou guérir. Elle est personnalisée et intégrée dans son parcours de vie. Elle se matérialise sous la forme d’un protocole. Elle mobilise des mécanismes biopsychosociaux connus ou hypothétiques. Elle a fait l’objet d’au moins une étude interventionnelle publiée menée selon une méthodologie reconnue ayant évalué ses bénéfices et risques ». (Plateforme universitaire collaborative CEPS, 2017).

La classification de la Plateforme CEPS distingue 20 sous-catégories d’INM réparties en 5 catégories.

Classification INM CEPS 2020

Figure 1 : Classification des INM (Plateforme CEPS, 2020)

La définition est assez dense, alors on va décortiquer cela ensemble plus simplement. Tout d’abord on va sortir des amalgames.

Ce que n’est PAS une INM :

  • Une INM n’est pas un mode de vie sain.
  • Une INM n’est pas non plus une action de promotion de la santé publique. (ex : “mangez, bougez”)
  • Une INM n’est pas non plus une transformation environnementale ou architecturale (ex : installations sportives).
  • Une INM n’est pas non plus une solution organisationnelle de santé (ex :dossier médical partagé, podomètre …).

En clair, “une INM n’est pas non plus un aliment comme le brocoli,un composant comme une vitamine, une technique psychologique comme la respiration ventrale, une position corporelle comme la posture zazen, un geste de massage ou un objet connecté comme un téléphone.”

Definitionand Ontology of Non-Pharmacological Interventions(NPIs), Gregory Ninot & al. 2018

Elle est plutôt :

  • Une action personnalisé tenant compte du contexte propre à chaque individu
  • Une méthode associant plusieurs ingrédients visant à résoudre un problème de santé (un symptôme, une maladie, un comportement à risque).
  • A une visée préventive, de soin ou curative selon son contexte d’utilisation et en fonction de sa prescription

Objectifs des INM

  • Améliorer la qualité de vie
  • Prévenir l’apparition de maladie
  • Diminuer les symptômes d’une maladie
  • Potentialiser les effets d’un traitement conventionnel
  • Augmenter la durée de vie
  • Guérir une maladie
  • Réduire les dépenses de santé non programmées (traitement, consultation, hospitalisation, transport…),
  • Réduire les pertes de production (arrêt de travail, aide sociale…).

Conclusion

Il existe encore à ce jour un grand travail de recherche interventionnelle quant à l’optimisation des solutions, trouver les bonnes doses et les bonnes associations dans le suivi des patients. En réalité, cela revient au fait de prouver qu’une méthode est efficace dans la vie réelle et non en situation optimale de laboratoire. Pour cela les méthodes de recherche doivent être mixtes (quantitative ET qualitative) afin d’obtenir des données statistiques mais également le vécu du patient. L’avenir reste très prometteur.

Solutions accessibles sur Internet

Depuis 2011, congrès scientifique international annuel sur les INM, iCEPS Conference : www.icepsconference.fr

Depuis 2017, méta-moteur de recherche des études cliniques sur les INM : www.motrial.fr

Depuis 2018, annuaire des chercheurs et des institutions évaluant les INM : www.niri.fr

Depuis 2019, bibliothèque ouverte des travaux académiques sur les INM : www.nishare.fr

Depuis 2019, inventaire des études interventionnelles sur les INM en prévention et soin de cancers : www.inmcancer.fr

Depuis 2020, colloque régional sur les bonnes pratiques professionnelles en INM : www.iceps-satellite.fr

Depuis 2020, système de recensement des études interventionnelles évaluant des INM pour bien-vieillir : www.bienvieillirinm.fr

Depuis 2021, replay des conférences données lors des iCEPS Conference et iCEPS Satellite : www.icepstv.fr

Depuis 2021, base ouverte de témoignages de l’expérience vécue des « médecines douces » destinée à la recherche : www.experienceinm.fr

Ressources :

Ninot G (2019). Définir la notion d’intervention non médicamenteuse (INM). Blog en Santé, L16

Ninot, G. (2019). Guide professionnel des interventions non médicamenteuses (INM). Paris: Dunod.

Ninot, G. (2020). Non-Pharmacological Interventions: An Essential Answer to Current Demographic, Health, and Environmental

Sackett DL, Rosenberg WM, Gray JA, Haynes RB, Richardson WS (2007). Evidence based medicine: what it is and what it isn’t. Clinical Orthopedic Related Research, 455, 3-5.

Forme

Le Sport Santé sur ordonnance

“Mon médecin m’a dit que je devais faire du sport, et maintenant ? Je fais quoi ?”

Le sport sur ordonnance, qu’est ce que c’est ?

Le sport sur ordonnance correspond à la prescription d’Activité Physique Adaptée (APA), aux personnes souffrant d’Affection de Longue Durée (ALD).

Les bénéfices de l’activité physique régulière sur le plan de la santé bio-psycho-sociale ne sont plus à démontrer. Aux vues de la recrudescence des maladies chroniques dans notre société actuelle, l’utilisation de l’activité physique semble être l’un des moyens pour lutter efficacement et durablement contre bon nombre de pathologies. L’activité physique est inscrite dans la classifications des interventions non médicamenteuses publiée par le CEPS.

La mise en place de ce dispositif nécessite une organisation entre les différents acteurs du champ du sport et de la santé, et la question du remboursement pour les bénéficiaires se pose encore, mais la reconnaissance et l’officialisation du sport sur ordonnance par une loi et un décret constitue une belle avancée envers la reconnaissance de l’activité physique sur le plan de la santé.

Les textes de lois :

  •  Loi du 26 janvier 2016 indiquant que le médecin peut, dans le cadre du parcours de soin d’un patient atteint d’une Affection de Longue Durée (ALD), prescrire une Activité Physique Adaptée (APA).
  • Le décret du 30 décembre 2016 (mis en application le 1er mars 2017) précise la liste des intervenants habilités à encadrer les Activités Physiques Adaptées (APA) prescrites par le médecin (aux personnes souffrant d’une ALD).

A qui s’adresse le sport sur ordonnance ?

Le sport sur ordonnance s’adresse pour l’instant uniquement aux personnes souffrant d’une Affection de Longue Durée (ALD).

Vous pouvez en retrouver la liste en cliquant ici.

Qui peut prescrire ?

Seuls les médecins sont habilités à prescrire le sport sur ordonnance à leurs patients.

Qui peut encadrer les séances ?

  • Les coachs APA possédant un diplôme en Activité Physique Adaptée.
  • Les paramédicaux (kinésithérapeutes, psychomotriciens, ergothérapeutes), en particulier lorsque les patients présentent des limitations fonctionnelles importantes (Art. D. 1172-3), ils sont les seuls habilités.
  • Les personnes certifiées par la fédération sportive (selon profil).

Qu’en est il du remboursement ?

Actuellement, aucun remboursement venant de l’Etat n’est envisagé. Cependant, certaines mutuelles développent des initiatives de remboursement du sport santé pour leurs adhérents. Je suis engagée avec la mutuelle des sportifs et le dispositif Mooven de la Maif. Encore d’autres partenariats sont à venir, et n’hésitez pas à me solliciter pour engager ensemble une demande de financement auprès de votre mutuelle.

Vous êtes éligible au Sport Sur Ordonnance ?

Contactez nous afin de savoir si vous pouvez bénéficiez d’un financement. Nous trouverons ensuite ensemble quelle est la meilleure activité physique selon votre état de forme du moment.